construire naturel

Après une expérience au Mexique, où les matériaux raffinés étaient limités, et une vie sur un bateau où l’énergie était rare, je me suis mise en quête de trouver des solutions durables quant à la construction, tant en expérimentant sur nos propres constructions qu’en participant à des chantiers participatifs. Cela nous a permis d’étoffer et de mailler un réseau d’acteurs du bâtiment engagés. Nous nous sommes réunis au sein du collectif d’architectes et maitres d’oeuvre Construire Naturel, afin de chercher à répondre à l’urgence sociale et environnementale, en se concentrant sur trois questions clés : Est-ce accessible ? Est-ce nécessaire ? Est-ce durable ?

La construction est l’un des secteurs les plus consommateurs d’énergie au niveau mondial, représentant en France 45 % des consommations énergétiques et plus de 25 % des émissions de gaz à effet de serre (faute au chauffage, à la ventilation et la climatisation…) et produit environ 300 millions de tonnes de déchets chaque année,constitué de matériaux inertes comme le béton (dont 50% ne sont pas valorisés)..

Face à la raréfaction des ressources et à la crise climatique, l’avenir de l’architecture et de la construction devra passer par des solutions plus économes, sobres en énergie, axées sur l’utilisation et la réutilisation des matériaux dans une dynamique circulaire. Il est essentiel d’inventer des procédés plus sobres, de préserver les ressources et de réserver la High-Tech aux usages indispensables. Cela implique de privilégier le bioclimatisme et des matériaux biosourcés et géosourcés, tels que le bois, la terre et la paille, tout en réintroduisant des savoir-faire locaux et en utilisant des énergies gratuites comme le soleil et le vent. L’établissement d’une économie circulaire vertueuse grâce au réemploi, à la réutilisation et au recyclage des matériaux est fondamental.
Construire frugal nous permet de vivre en harmonie avec notre environnement, de manière économique et respectueuse. Il est crucial de réexaminer les anciennes pratiques pour envisager un futur souhaitable.

BIOCLIMATISME

Avec la conception bioclimatique, nous cherchons à offrir un confort optimal (température, humidité, qualité de l’air, lumière, acoustique etc.) de manière naturelle, en s’appuyant principalement sur des solutions architecturales et sur les énergies renouvelables locales, telles que le bois, l’énergie solaire, géothermique… , et parfois l’eau. Notre objectif est de limiter au maximum le recours à des systèmes mécaniques ou à des énergies extérieures, souvent polluantes et non renouvelables, comme les combustibles fossiles ou l’électricité importée.
Nous autres, concepteurs bioclimatiques, percevons l’environnement non pas comme un facteur contraignant, mais comme une ressource pour améliorer le confort des habitants. Nous cherchons à établir une relation équilibrée avec cet environnement, afin de le préserver pour le futur. Notre démarche intègre ainsi des considérations écologiques et fait partie d’une approche globale du développement durable.

ECOmatériaux

Nous travaillons avec les Ecomatériaux (ou matériau écologique, biosourcé, ou sain), type bois, paille, chanvre, lin, coton, liège, terre, chaux… car nous sommes convaincus qu’il s’agit de matériaux de construction qui, tout en accentuant les exigences techniques classiques (performances, durabilité, sécurité, résistance au feu, etc.), respecte également des critères environnementaux et socio-environnementaux tout au long de leur cycle de vie, de leur production à leur recyclage ou élimination.

Ces matériaux offrent de nombreux avantages : ils favorisent la création d’emplois locaux, améliorent la qualité de vie des habitants et des ouvriers lors de la construction, et ont un impact environnemental réduit (moins de consommation de ressources naturelles, diminution de l’empreinte écologique et des émissions de gaz à effet de serre). Par ailleurs, un isolant biosourcé (d’origine animale, végétale ou recyclée) aura des performances thermiques, acoustiques, de déphasage et de perspirance bien plus intéressantes qu’un isolant issu de l’industrie pétrolière et reste recyclable. Bien qu’ils puissent parfois être un peu plus coûteux ou demander plus de temps de mise en œuvre, ces matériaux sont utilisés depuis des siècles, prouvant leur efficacité et leur durabilité.

Sobriété ÉNERGÉTIQUE

Face à l’augmentation des prix de l’énergie et à la raréfaction des ressources fossiles, nous privilégions une approche de sobriété énergétique, élargie à la conception de bâtiments à énergie positive (BEPOS), bâtiments qui produisent plus d’énergie (électricité, chaleur) qu’ils n’en consomment sur une période donnée. Toutefois, si la production excède la consommation sur une période plus courte, on parle alors de bâtiment autonome.

Nous prenons parti ainsi pour la « low-tech » (basses technologies) qui désigne des techniques durables, simples et résilientes et qui produisent des objets peu coûteux, facilement réparables et adaptables. Elles sont bien plus que des solutions techniques ressorties du passé ou bricolées, elles portent en elles des dimensions organisationnelles, systémiques, culturelles, voire politiques et philosophiques. Ces solutions privilégient l’efficacité et la simplicité, en utilisant des ressources locales et minimisant l’impact environnemental, tout en étant accessibles et appropriables par un large public. La low-tech est complémentaire à la high-tech dite utile. Les surfaces du toit, des murs, des fenêtres ou d’autres éléments architecturaux (comme les vérandas, balcons, ou fondations) peuvent être utilisées pour accumuler et restituer de la chaleur ou produire de l’électricité. L’excédent énergétique est obtenu grâce à des principes bioclimatiques et constructifs, mais aussi grâce à une gestion optimale des comportements des usagers.

L’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas!

Réemploi

Consommer « plus de matière grise » pour consommer « moins de matières premières » . (expression tirée de l’exposition Matière Grise du collectif Encore heureux Architectes)

Depuis l’origine, le réemploi est de mise dans nos projets. Il consiste à récupérer et réutiliser des matériaux provenant des constructions existantes sur lesquelles nous travaillons, afin de réduire la consommation de nouvelles ressources et limiter les déchets.

Éléments de charpente, pierre, portes, terre cuite, plancher… en passant par le détournement des pièces, nous n’avons pas attendu la loi anti-gaspillage de 2020 pour nous organiser et considérer que les matières premières ne sont plus sous nos pieds ou à l’autre bout du monde mais dans nos villes, nos bâtiments, nos infrastructures. Réemployer revient à considérer la matière présente non plus comme un déchet à évacuer le plus loin possible, mais comme un capital à valoriser et à préserver. Cela permet de réduire l’impact environnemental, de favoriser l’économie circulaire et, parfois, de réaliser des économies financières, tout en préservant les ressources naturelles.

Le processus comprend plusieurs étapes :

  1. Identification et sélection des matériaux réutilisables (en évaluant leur état et leur potentiel par un diagnostic soigné).
  2. Démontage ou déconstruction soigneuse des éléments pour les préserver.
  3. Rénovation et préparation des matériaux récupérés (nettoyage, réparation, adaptation).
  4. Réintégration du matériau dans le nouveau projet en fonction des besoins architecturaux et techniques.
  5. Suivi de fin de vie, avec recyclage ou nouveau réemploi des matériaux usagés.