Le réemploi des matériaux de construction est une pratique qui présente de nombreux avantages sur le plan environnemental, socio-économique et culturel.
Le réemploi consiste à réutiliser des matériaux, équipements ou éléments de construction (qui ne sont pas des déchets) sans les transformer, pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus, contrairement au recyclage qui implique un traitement industriel.
Dans le secteur du bâtiment, cela concerne des éléments comme les portes, fenêtres, cloisons, revêtements, sanitaires, poutres, tuiles, etc.

Le réemploi s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, visant à prolonger la durée de vie des matériaux, réduire les déchets et limiter l’extraction de nouvelles ressources.
La Réutilisation est définie comme « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau ». La ressource passe donc par le statut de déchet, le domaine de réutilisation n’est pas spécifié.
Le Recyclage est définie comme « toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris déchets organiques, sont retraités en substance, matière ou produit aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins »
CONSERVER NOTRE PATRIMOINE BATI ET NOS IDEES
Historiquement, la pratique du réemploi était largement répandue.
À une époque où le transport des matériaux représentait un effort considérable et demeurait souvent inaccessible aux constructeurs, il était bien plus pratique de réutiliser ce qui était déjà disponible.
Pierres issues de bâtiments en ruine, charpentes façonnées avec la coque inversée de bateaux anciens et autres éléments récupérables étaient ainsi remis en œuvre de manière ingénieuse et pragmatique.
C’est l’industrialisation progressive qui a finalement fait diminuer fortement le réemploi, en cherchant à produire plus d’objets identiques et moins chers.

Toute architecture doit être perçue comme un élément du patrimoine bâti.
Elle témoigne d’une histoire, d’un usage, d’une mémoire collective et incarne une identité.
Le réemploi des matériaux devient ainsi un vecteur de mémoire : il contribue à préserver l’âme des constructions, du territoire et à transmettre l’héritage architectural en :
- conservant les traces des usages passés et du vécu
- valorisant les spécificités propres à chaque territoire
- racontant le parcours et l’usage des matériaux anciens,
- renforçant l’attractivité locale au bénéfice de toute la filière du bâtiment,
PRESERVER NOS RESSOURCES NATURELLES
Depuis le 1er juillet 2023, un nouvel arrêté de la Loi AGEC _ Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire _ est en vigueur.
Il oblige les maitres d’ouvrage à établir un diagnostic PEMD (Produits, Equipements, Matériaux et Déchets) et recourir au réemploi et à la réutilisation, pour les projets de démolition ou de rénovation significative.
C’est une étape supplémentaire qui vise à participer à la prévention et la réduction des déchets de chantier qui représentent encore chaque année 70% de la masse produite en France (42 millions de tonnes de déchet/an)

Dessin extrait du livre Matière Grise, p17
du collectif Encore Heureux.
Cette logique d’économie circulaire des ressources et des gisements, promeut les démarches vertueuses de conservation, de réemploi et de la réutilisation de l’existant en :
- préservant les ressources naturelles
- diminuant les dépenses énergétiques liées à la production
- assurant une économie carbone pour l’ensemble de la filière construction
- réduisant les émissions de gaz à effet de serre liées au traitement des déchets
- conservant les propriétés des matériaux qui pourraient etre amoindries ou perdues en cas de recyclage
ETAPES CLES ET PRINCIPES A SUIVRES:
Concevoir un projet avec du réemploi implique de penser l’architecture non pas uniquement comme une création ex nihilo, mais comme un acte de transformation, de réutilisation et de réinterprétation de l’existant.
C’est pourquoi il est important de prendre en compte le sujet, en amont du projet, dès la conception.
1. Identifier les ressources disponibles
- Diagnostic ressource : Étudier le site, les bâtiments existants ou les gisements de matériaux locaux (démolitions à venir, chantiers voisins, ressourceries, etc.).
- Inventaire des matériaux réemployables : Bois, briques, menuiseries, dalles, luminaires, mobilier, etc.
- Tenir compte de;
- l’état de conservation des produits, matériaux et équipements.
- les possibilités de réemploi et de détournement d’usage sur le site de l’opération, sur un autre site ou par l’intermédiaire de filières de réemploi, notamment les filières locales.
- la nature et les quantité de produits, matériaux et équipements qui peuvent être réemployés.
- les précautions de dépose, de stockage sur le chantier et de transport de ces produits, équipements, matéraiux ainsi que sur les conditions techniques et économiques prévies pour permettre leur éemploi.
- la toxicité potentielle.
2. Concevoir en fonction des matériaux (et non l’inverse)
- Adopter une logique « matière disponible » : le projet naît des ressources existantes.
- Prévoir des dimensions, assemblages, détails architecturaux adaptés aux matériaux récupérés (ex. : modulation, préfabrication légère).
- Accepter l’imperfection et la variabilité des matériaux : ça devient une richesse esthétique et narrative.
3. Intégrer les contraintes techniques et réglementaires
- Vérifier la traçabilité, sécurité, normes incendie ou acoustique, selon les matériaux.
- Adapter les documents techniques (CCTP, plans, notices) pour intégrer le réemploi.
- En marché public : prévoir des clauses spécifiques ou passer par des AMO spécialisés en réemploi.
4. Mobiliser les bons partenaires
- Travailler avec des fournisseurs de matériaux de réemploi (ex. : ressourceries, Cycle Up, Mobius, Mineka…).
- Faire appel à des artisans ou entreprises formés au chantier en économie circulaire.
- Intégrer des AMO réemploi, économes de la construction, ou des ingénieurs spécialisés.