La perspirance est un concept crucial dans la construction qui concerne la capacité des matériaux et des parois à gérer l’humidité. Plus précisément, c’est la capacité d’une paroi à laisser passer la vapeur d’eau tout en restant étanche à l’eau liquide.
Dans la construction, la perspirance s’exprime en grammes d’eau par mètre carré par heure par millimètre de mercure (g/m²·h·mmHg), ou plus simplement en « perms ». Plus la valeur est élevée, plus le matériau est perspirable.
L’importance de la perspirance :
- Elle permet aux murs de « respirer » et d’évacuer naturellement l’humidité
- Elle évite les problèmes de condensation dans les parois
- Elle contribue à une meilleure qualité de l’air intérieur
- Elle prévient le développement de moisissures
- Elle augmente la durabilité du bâtiment
Les matériaux traditionnels comme la chaux, la terre crue, les murs en pierres hourdés à la chaux ou les isolants biossourcés ont une excellente perspirance. En revanche, certains matériaux modernes comme certains pare vapeur ou peintures, des enduits ciments, le parpaing béton créent des barrières étanches qui empêchent cette régulation naturelle de l’humidité.
Dans la construction écologique et la rénovation du bâti ancien, le respect de la perspirance est fondamental pour préserver la pérennité des ouvrages et assurer un habitat sain. C’est pourquoi il est essentiel de choisir des matériaux compatibles entre eux en termes de perspirance lors de la conception d’une paroi.
La Gestion des Transferts d’Humidité
Pour bien comprendre la perspirance, il faut distinguer trois types de transferts d’humidité :
- La diffusion de vapeur d’eau : mouvement naturel de la vapeur d’eau à travers les matériaux
- La migration capillaire : déplacement de l’eau liquide dans les pores des matériaux
- La convection : transport de vapeur d’eau par les mouvements d’air
Valeurs de Perspirance des Matériaux Courants :
- Enduit à la chaux : très perspirable (15-40 perms)
- Laine de bois : forte perspirance (10-20 perms)
- Brique traditionnelle : bonne perspirance (5-10 perms)
- Béton : faible perspirance (0.5-2 perms)
- Film polyéthylène : quasi nul (0.1 perm)
La Stratification Correcte des Parois
La règle générale est que la perspirance doit augmenter de l’intérieur vers l’extérieur de la paroi pour permettre à l’humidité de s’évacuer naturellement. Cette gradation est parfois appelée le « principe de la perspirance décroissante ».
Une paroi perspirante idéale devrait suivre cette logique :
- Enduit intérieur perspirable (ex : enduit terre ou chaux)
- Matériau porteur (ex : brique, pierre)
- Isolant perspirable (ex : laine de bois, chanvre)
- Pare-pluie perspirable
- Lame d’air ventilée
- Revêtement extérieur
Les Points de Vigilance :
- Éviter les « points de rosée » dans la paroi où la vapeur d’eau pourrait se condenser
- Maintenir la cohérence de perspirance entre les matériaux
- Prendre en compte le climat local et l’orientation du bâtiment
- Assurer une bonne ventilation des espaces
Conséquences d’une Mauvaise Perspirance :
- Condensation interstitielle
- Développement de moisissures
- Dégradation des matériaux
- Perte de performance des isolants
- Problèmes de qualité d’air intérieur
- Détérioration structurelle à long terme
Solutions pour Améliorer la Perspirance :
- Utiliser des enduits à la chaux plutôt que des peintures étanches
- Choisir des isolants naturels perspirable
- Installer des membranes HPV (Haute Perméabilité à la Vapeur d’eau)
- Créer des lames d’air ventilées
- Privilégier les matériaux ayant un équilibre hygroscopique naturel
Impact sur la Rénovation
La perspirance est particulièrement cruciale dans la rénovation du bâti ancien, car ces constructions ont été conçues pour fonctionner avec des matériaux perspirable. L’ajout de matériaux modernes non perspirants peut gravement perturber l’équilibre hygrométrique du bâtiment.
Aspects Réglementaires
Les réglementations thermiques actuelles prennent de plus en plus en compte la gestion de l’humidité dans les parois. Des calculs de points de rosée et de migration de vapeur d’eau sont souvent nécessaires pour valider les solutions techniques proposées.
Cette approche de la perspirance s’inscrit dans une vision plus large de l’écoconstruction, où le bâtiment est considéré comme un système vivant qui doit pouvoir échanger avec son environnement de manière équilibrée.
