Rénover le bâti ancien : respect des équilibres et matériaux durables
Les bâtiments anciens — construits avant l’industrialisation du bâtiment (généralement avant 1948) — sont fondés sur une logique simple : celle de l’équilibre entre la maison et son environnement naturel.
Leur rénovation doit donc s’appuyer sur cette intelligence constructive, et non chercher à la contraindre.
Cela implique des choix spécifiques, souvent à rebours des méthodes modernes, mais plus durables et respectueux du bâti.
Le bâti ancien, particulièrement, nécessite une approche respectueuse. Contrairement aux solutions modernes qui cherchent à bloquer l’humidité, il faut :
- Assainir en retirant les matériaux imperméables (dalles béton, enduits ciment)
- Restaurer la capacité respiratoire des murs avec des enduits perspirants
- Créer une ventilation naturelle adaptée
- Mettre en place des systèmes de drainage respectueux
1. La perspirance : laisser les murs respirer
Un mur ancien est un mur perspirant : il laisse passer la vapeur d’eau, tout en assurant la protection contre les intempéries. Cette respiration est essentielle pour :
- éviter les condensations internes,
- limiter les moisissures,
- garantir un confort thermique stable.
L’utilisation d’enduits ou de peintures modernes étanches (ciment, résines, plastiques) bloque ce fonctionnement et provoque humidité, cloquage, et dégradations structurelles.
Il faut donc décrouter tous les matériaux étanches et revenir à des enduits à la chaux, terre ou chaux-chanvre, compatibles avec le fonctionnement hygrométrique d’origine.
2. Remontées capillaires : traiter à la racine, pas en surface
Les murs anciens sont en contact direct avec le sol, sans rupture de capillarité (pas de film plastique ni de dalle béton isolée). L’humidité remonte naturellement dans les murs, surtout si on empêche sa diffusion.

Solution : gérer l’humidité, ne pas l’étouffer.
- Purger les enduits au ciment, notamment en pied de mur.
- Remplacer les sols modernes étanches par des dallages respirants (terre cuite, pierre naturelle, chape chaux-chanvre).
- Prévoir une ventilation sous le dallage : un hérisson ventilé (lit de cailloux avec drain) ou un système de caniveaux / tubes ventilés permet à l’air de circuler sous la dalle, empêchant ainsi l’humidité de s’accumuler.
Drainer pour assainir
Autour du bâtiment, le drainage périphérique est crucial. Il évacue les eaux pluviales qui satureraient les fondations.
À l’intérieur, un drain sous dalle ou un lit drainant permet de réguler les flux d’humidité venus du sol.
L’objectif n’est pas de bloquer l’humidité, mais de l’accompagner pour qu’elle ne stagne pas.
3. Hygrothermie, hygroscopie, déphasage : les clés du confort
Le bâti ancien est naturellement hygrothermique : il régule l’humidité et la température.
- Hygroscopie : les matériaux (chaux, terre, bois) absorbent l’humidité et la restituent sans machines.
- Déphasage thermique : l’épaisseur des murs anciens ralentit le passage de la chaleur. En été, la chaleur met 10 à 12h à traverser, maintenant le confort intérieur.
- Inertie thermique : les matériaux lourds stockent la chaleur en hiver et la restituent lentement, évitant les surchauffes ou les coups de froid.
4. Les matériaux biosourcés : respect du vivant, cohérence du bâti
Le bâti ancien est biosourcé par nature : bois, chaux, chanvre, lin, terre, paille.
Ces matériaux ont en commun :
- Une grande compatibilité hygrométrique avec les murs anciens,
- Une capacité à respirer,
- Une faible empreinte carbone,
- Une durabilité exceptionnelle s’ils sont bien mis en œuvre.
Isoler avec du liège, du chanvre, de la ouate de cellulose, ou de la laine de bois permet de maintenir la perspirance des parois et de garantir un confort d’été et d’hiver inégalé.
Une rénovation réussie du bâti ancien repose sur des matériaux réversibles, respirants, écologiques, qui prolongent la logique de construction initiale.

RENOVER AVEC BON SENS
Chaque projet de rénovation est une lecture attentive du bâti existant :
C’est pourquoi, nous respectons ses matières, ses équilibres, sa respiration.
Cela passe par :
- des enduits naturels,
- des sols ventilés et perméables,
- une isolation biosourcée raisonnée,
- et une attention constante à la gestion de l’humidité, souvent la clé des pathologies.